
Comment ensemble prendre nos églises en charge ? C’est le thème proposé à l’invitation du cardinal archevêque de Bordeaux Jean Pierre Ricard, pour une grande journée de rencontres, ce jeudi 8 mars, entre les maires et les curés de Gironde (hors agglomération bordelaise).
Harvey Morgan, président de l’association AVEC33 et Georges Montiel secrétaire adjoint, y assistent en ce lieu magnifique qu’est la Maison diocésaine saint Louis Beaulieu à Bordeaux. De nombreux maires et élus ont fait le déplacement ( 126 communes inscrites !) et ce, en présence du sénateur et maire de Rauzan, Gérard César qui préside l’association des maires de la Gironde.
L’introduction de la journée est faite par le cardinal Jean Pierre Ricard ; il évoque la mise en œuvre et l’actualisation de la loi de séparation de l’église et de l’Etat du 9 décembre 1905 ; et la nécessité de travailler ensemble dans un état laïque et une société pluraliste. Ainsi, les églises construites avant 1905 sont devenues, dans leur très grande majorité, la propriété des communes.Par exemple le presbytère est du domaine public avec loyer possible pour le ministre du culte. Une église est de droit privé. Le synode diocésain qui s’est déroulé en janvier 2018 prône une ouverture des églises et constate aussi l’abandon de certaines : « cela donne aux visiteurs une impression de vieillissement et de mort”. Il arrive que de plus en plus de personnes, croyantes ou non, y pénètrent pour le recueillement ressenti.
La sauvegarde du patrimoine et l’espace liturgique quelques fois s’opposent ; les manifestations qui y sont organisées, apportent de la vie et permettent des échanges, elles doivent se dérouler dans le respect du lieu. La commission diocésaine d’Art Sacré est là pour le conseil, les organisateurs et les curés doivent s’y référer.
Intervention de Dominique Richard : directeur du pôle Patrimoines et Architectures de la DRAC Nouvelle Aquitaine. Il aborde le thème des églises de Gironde entre culte et culture : enjeux de territoires. Leur entretien à un coût, au moment où est évoquée l’idée d’un paiement à l’entrée des cathédrales. Il y a dans notre pays 77 cathédrales, 45 000 églises paroissiales, plus un nombre important de chapelles et de monastères ce qui avoisine le chiffre de près de 100 000 monuments!
Eric CRON (chef du service du patrimoine et de l’inventaire à la région nouvelle Aquitaine) avance le chiffre de 6000 monuments historiques protégés. Il est nécessaire avant de penser à protéger les objets du mobilier, de les inventorier et d’ actualiser les inventaires généraux déjà réalisés.

En ce qui concerne les vitraux il en reste peu de la période de l’ancien régime, on peut noter tout de même ceux de Castelnau de Médoc, église St Jacques, avec des vitraux du XVIème siècle dont un, aux armories de Jean de Foix. On signale à Floirac en l’église St – Vincent une châsse reliquaire du XIIIème siècle.
Première table ronde : Les objets mobiliers : propriété conditions d’usage et de conservation.
Florie Allard juriste de la DRAC : Les objets antérieurs à 1906 et dont la présence dans l’église est attestée avant cette date relèvent du domaine public communal et sont, à ce titre, inaliénables et imprescriptibles. Cependant, comme ils sont affectés au culte (quelle que soit leur ancienneté), leur conservation et leur entretien sont à la charge des fabriques. D’une manière générale, il est important que chaque paroisse connaisse son patrimoine et en dresse un inventaire. Cet inventaire avec photographies (ce qui, à l’âge du numérique, ne coûte plus rien) est indispensable pour les desservants, mais aussi pour les conseils de fabrique en cas de vol ou de dégradation. Agnès VATICAN, directrice des archives départementales, précise les inventaires déjà réalisés : celui de 1906, que l’on peut consulter sur les archives des domaines, les visites qui avait été effectuées dans le cas de pratiques administratives sous le mandat du cardinal Donnet ; entre 1829 et 1889. Les archives diocésaines avec son archiviste Mme Tandonnet ; les procès-verbaux de visites effectués sous l’archevêque François de Sourdis mais aussi une comptabilité communale établie au XIXème siècle.
Un site dédié par la Commission historique des bâtiments communaux existe. Si un élu cherche à connaître l’origine d’un objet où s’il appartient à sa commune, il peut s’adresser à la DRAC qui possède la liste des mobiliers inscrits ou classés. Un artisan, Sylvain de Resseguier (conservateur/ restaurateur, membre de la CDAS), parle de l’usage du mobilier quelque fois sur une décision individuelle. Il est alors vendu, stocké ou détruit sans consultation préalable. « Telle personne estime que ce tableau est une « croûte » et le détruit alors qu’il serait possible parfois de le restaurer, qu’il soit simplement noircis ou même « mités ». Dominique Richard ajoute que l’on retrouve en vente sur le Net de nombreux mobiliers religieux . Ne sont-ils pas souvent le produit de vols ou de recels ?
Le cardinal Ricard précise que des objets du mobilier pour l’usage liturgiques sont parfois la propriété du curé, payés par ses deniers. A son décès, s’il ne les lègue pas à l’église, sa famille, ses descendants, remettent parfois ces objets sur le marché de l’art.

Eric BLOT , policier, conseiller sûreté des patrimoines auprès du Ministère de la Culture : intervient : En général, seuls 5 à 6% des objets dérobés sont retrouvés ! Il existe des parades simples de premier niveau : gestion des clefs / fond musical/éclairage ; la mise en place de caméras et de systèmes de protection doivent être économiquement justifiés par la valeur des biens à protéger. La protection des objets en or est prioritaire! Il s’avère indispensable de prendre des photographies du mobilier, de marquer ceux-ci au moyen de tampons, d’ADN chimique etc … La police du patrimoine possède sur sa base « Tréma » 100 000 objets répertoriés volés sous forme de diaporama. Eric Blot peut être contacté à cette adresse courriel: eric.blot@culture.gouv.fr.
Deuxième table ronde : sur la restauration des églises partenaires publics et privés.
La DRAC déclare que les aides de l’Etat peuvent se monter jusqu’à 80% du montant des travaux ! Nathalie Ramondou du service du patrimoine et inventaire à la région Nouvelle Aquitaine précise qu’un diagnostic doit être établit souvent par un Architecte des Bâtiments de France chargé de la commune. Si la DRAC donne son accord, elle attribue un budget, elle est suivie par les aides du département et de la région. La priorité est donnée aux édifices inscrits et pour le gros œuvre. Michel Kappelhoff-Lançon, délégué départemental de la Gironde pour la Fondation du Patrimoine:” la Fondation peut aider une association ou une collectivité à réaliser un projet de restauration du patrimoine bâti dont elle est propriétaire, en lançant une souscription. Elle accorde également des subventions directes aux associations”.
La Fondation du Patrimoine met à disposition son site WEB, elle fournit ensuite la liste des donateurs au maître d’ouvrage. Elle prend 6% du montant des dons effectués. Son numéro à Bordeaux est le 0557300800.
Un membre de l’association des « 3 romanes » fait part de son expérience ; la commune de Montagne près de St-Emilion possède trois églises d’où le nom de l’association, elle a obtenue des subsides du crédit Agricole de Michelin de la Mutuelle AGRR et de l’association VMF ( Vieilles Maisons de France), pour leurs restaurations. D’autres témoignages démontrent qu’il faut s’armer de patience car la restauration peut se prolonger sur plusieurs années. Cela permet aussi à la commune d’échelonner le financement sans péjorer son budget.
Troisième table ronde : projets et propositions pour la valorisation des églises et leur usage.
Des animations sont organisées pour sensibiliser les habitants et les faire participer à la restauration. Par exemple organisation de randonnées visites, de Week -end des églises, reconstitution d’un pèlerin géant sur des communes du pèlerinage de Compostelle. L’armistice de 1918 est l’occasion de points de jonction entre religieux et société civil. Nuits des églises du 30 juin au 7 juillet 2018. Marches et animations autour des croix de missions etc…

Pour notre association, notre président : Harvey Morgan intervient avec comme support un diaporama qui présente notre association. C’était là, une occasion unique de donner plus d’audience à notre association et de nouer des contacts fructueux. Sa prestation fait l’objet d’un article sur notre site AVEC33.fr.
Documents remis lors de cette journée : • Invitation de Jean Pierre Ricard archevêque de Bordeaux • Liste des communes inscrites (au 2 mars 2018 : 126 communes) • Charte de la commission diocésaine d’art sacré de Bordeaux • Les clefs des églises paroissiales (du bon usage des clefs) • Le régime juridique des églises communales (principaux textes applicables) • Circulaire ministérielle du 29 juillet 2011 cf ; 6 La sécurité et la sûreté dans ces édifices. • Listing de contacts DRAC-territoires-archevêché • Déroulé de la journée et thèmes abordés par les tables rondes.
En réponse à une question de l’auditoire, l’abbé Gérard Faure, vicaire général, s’engage à nous fournir un document, sorte de charte pour connaître le contenu autorisé d’une activité culturelle dans les églises
Un article de Georges Montiel