Les églises à travers l’histoire de la photographie, c’est le thème de la conférence de Michel Wiedemann, maître de conférences à l’université Bordeaux Montaigne. C’est sur l’invitation de l’association “art et culture églises des Jalles” que nous nous sommes retrouvés le samedi 08 octobre à Saint-Aubin de Médoc.

Un article rédigé d’après les notes de Thérèse Cottavoz (membre AVEC33) sur la conférence de Michel Wiedemann.
La Renaissance découvre la perspective
Sur le mariage de la Vierge de Raphaël, les lignes s’orientent par le biais du dallage vers une rotonde centrale au fond. L’anachronisme persiste avec les personnages bibliques dans un cadre romanisant.
Peter Breughel, représente, lors d’un sermon, l’allégorie de la Foi par différents éléments en témoignant : scènes de sacrements, figuration des instruments de la passion.
Au XVIIIème siècle, les églises sont les édifices remarquables des panoramas urbains. Elles sont aussi le sujet de prédilection des vues d’optiques, gravures populaires réalisées à l’envers afin d’être examinées par un dispositif de lentilles convergentes et grossissantes qui redressaient l’image. Des théâtres d’optique permettaient d’éclairer par l’arrière ces gravures. Exemple : cathédrale de Milan avec effet de nuit.
Au XIXème siècle

Musée national du château de Versailles

La redécouverte du patrimoine médiéval doit beaucoup au Baron Taylor (1789-1869) qui rédige avec Charles Nodier , les voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France en 24 volumes alternant textes et lithographies, imprimés par Firmin Didot. les dessinateurs ont insisté sur les poésies des ruines, associées à de charmantes mises en scènes de personnages, telles que les ruines de l’abbaye de Jumièges avec des dessins de Fragonard fils.

Un artiste est passé à côté de la photographie : Léo Drouyn (1816-1896), formé à Paris, devient en 1842 le dessinateur de la Commission des monuments historiques de la Gironde. il utilise principalement l’eau forte et aussi la chambre claire, dispositif permettant de tracer le contour des objets. Il publie ainsi le choix des types les plus remarquables de l’architecture du Moyen-âge dans le département de la Gironde.
Apparition du concept de Monument historique :
Le monument historique est la reconnaissance par la Nation de la valeur patrimoniale d’un bien, ce qui implique la conservation conjointe par le propriétaire et l’État. En 1830, Guizot crée l’Inspection générale des monuments historiques. On peut citer parmi les défenseurs du patrimoine, Arcisse de Caumont fondateur de la société française d’archéologie (SFA) toujours active, et Prosper Mérimée , nommé Inspecteur général en 1834, ravi de découvrir la France dans ses profondeurs, incitant les ministres compétents à contrôler les restaurations historiques, accorder la fonction d’Architecte des bâtiments de France. En 1850 la Commission des monuments publie une liste de 1 082 monuments désignés ; en 2012, 44 236 le sont sur la base Mérimée.
Après l’invention de la photographie
La photographie est une combinaison de procédés optiques et de produits chimiques des images sans intervention de la main de l’homme. Inventée par Daguerre en 1839, elle est une représentation authentique et exacte des monuments dont on veut réaliser l’inventaire. Par l’utilisation des plans, contre-plans, elle exprime une réalité multiple, constitue un véritable document. Mais elle déclasse d’autres reproductions, tels le dessin, la peinture, la lithographie.

En 1851, la Commission des monuments historiques charge la Mission héliographique, d’Inventaire du patrimoine historique national. Cela inaugure les commandes d’État jusqu’à nos jours : la photographie documentaire est au service des monuments.
Des photographes se sont particulièrement illustrés Charles Marville , photographe de la ville de Paris les frères Bisson , connus pour leurs tirages à grand format, l’adoption de l’instantané plutôt que la longue pose, et une série thématique sur le Massif du Mont- Blanche. Henri le Secq en 1850, se consacre aux photographies de grandes cathédrales (Amiens ,Reims, Paris, Strasbourg) Baldus a réalisé des photographies de monuments romans du Sud-est de la France ,dont des vues composites en découpant et rassemblant des négatifs .Exemple : cloître Saint Trophime d’Arles Mestral et le Gray ont sillonné la Normandie, la Bretagne, les pays de Loire , le Sud et ont mis au point la technique issue du calotype, le papier ciré sec, permettant de multiplier les épreuves journalières.
1862 : photographies des villas de la ville d’hiver d’Arcachon. 1865 : photographies du vieux Bordeaux, des bâtiments de travaux publics en construction, de l’ancienne Faculté des lettres (aujourd’hui Musée d’Aquitaine) 1882 la Société philomatique de Bordeaux publie un album de 20 photographies. Auteur des Vieilles églises de la Gironde, thèse de doctorat de 1912.Brutails considère les avantages de la photographie mais accorde au dessin l’avantage de se pencher sur d’infimes détails.
Les photographies touristiques Pour satisfaire Les voyageurs du Grand Tour, les photographes éditent des vues faites à l’avance sur papier très fin que l’on peut rouler ou Les cartes postales par phototype, connaissent avec les voyages un grand essor populaire.
Mouvements artistiques en photographie
Les photographes se plaignent de ne pas être reconnus comme artistes. La photographie est considérée comme servante de la Science, se bornant à copier. Mais en appliquant ses points de vue, distribuant la lumière en fonction des effets souhaités, la photographie devient une concurrente de la peinture, de la gravure malgré la critique.
Frederick Evans (1853-1943) souhaite que les photographies soient vraies et chargées de sentiments. Le procédé du platinotype (basé sur la sensibilité des sels de fer et de platine) inventé en 1873 permet des nuances de gris très subtiles. Une photographie de cathédrale doit donner le sentiment d’être dans une vraie cathédrale.
Josef Sudek (1896-1976) applique à la cathédrale Saint Guy de Prague la même esthétique : l’espace intérieur est considéré comme un décor propre à jouer des ombres et des lumières. Pour nimber la lumière il n’hésite pas à courrir en tous sens pour agiter les poussières ambiantes.
Pendant la guerre de 1914/1918 la photographie sert la propagande nationale.
Alors que les pictorialistes procédaient à une altération manuelle de l’image, les Néoréalistes s’attachaient à la vérité du rendu, au rôle structurant de la lumière.
Le photojournalisme bénéficie d’innovations techniques (pellicules rapides, appareils portatifs) permettant la photographie instantanée se déroulent dans un édifice, plutôt qu’à un édifice immobile
Les photographes humanistes, Cartier-Bresson, Doisneau, Boubat , s’intéressent aux scènes qui se déroulent dans un édifice, plutôt qu’à un édifice immobile.
Conclusion: La photographie a joué un rôle essentiel pour la connaissance et la protection du Patrimoine tant au niveau de l’architecture que de la sculpture, offrant un véritable répertoire de motifs artistiques aux historiens de l’art. le photographe est un artiste qui dépend des outils dont il dispose, mais aussi des usages sociaux de l’image. Il s’insère dans l’histoire à la suite des peintres, des graveurs, des dessinateurs.
Nous poursuivons alors nos échanges au restaurant “La Bergerie” où Gérard Neveu (membre AVEC33), nous projeté des modélisation en 3 dimensions des églises du secteur des Jalles.